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12 novembre 2018 1 12 /11 /novembre /2018 08:00

Un paragraphe particulièrement obscur, qui a fait l’objet de très nombreuses interprétations divergentes, de l’entretien du principe vital aux techniques sexuelles de longévité en passant par la valorisation du principe féminin.

 

1

,  

L’esprit immortel de la vallée évoque l’obscur féminin

2

天地  

La porte de l’obscur féminin est appelée racine du ciel et de la terre 

3

 

Flux continu si on en prend soin et en use avec parcimonie 

 

Cliquer sur le numéro de phrase vous transportera directement aux explications de la phrase en question. Après le désordre ordonné, voici l’ordre apparent…

 

 

Vidéos de l’internet chinois…

 

Prononciation en chinois (Chap 6 à partir de 2:57)

 

 


 

Et encore une fois les chants taoïstes :

 

 


 

 

Commentaires :

 

Dans la continuité de l’espace ciel-terre inépuisable du chap.5, voici l’esprit () immortel ( ) de la vallée (), vide en apparence mais riche de potentiel du fait justement de cette caractéristique. Le souffle de 5-3 se retrouve également avec la notion d’esprit, en latin « spiritus » (dérivé de spirare « souffler ») qui signifie souffle ou vent.

 

La fente de la vallée est également une métaphore pour la fécondité féminine (), la matrice d’où croît la racine () du ciel et de la terre (天地).  Nous avons ici un parallèle avec la mystérieuse () porte () de 1-9 mais contrairement à 1-3, c’est la mère (ou plus exactement « l’obscur féminin ») qui est cette fois « à l’origine du ciel et de la terre ». Ce qui était « inommable » est devenu une porte mais Lao zi conserve la clé et brouille les pistes : mystère du mystère ! (1-8)

 

samhain_pineaux.jpg  Samhain de Séverine Pineaux

 

Le mystère s’épaissit encore avec la troisième phrase et les interprétations contradictoires des traducteurs : alors que tous retrouvent l’ « usage inépuisable » de 5-4, la traduction "littérale" des caractères chinois dit le contraire et rejoint 5-5 ainsi que le concept du non-agir: la racine ne croit en continu ( ) que si () on la chérie () et l’utilise () sans () diligence ().  

 

Côté « traditionnel », c’est le Maître calligraphe Shi Bo qui éclaircit le plus clairement ce sombre chapitre : « Lao Tseu compare le Tao à la vallée qui est à la fois vide et réelle. La caractéristique (esprit) de cette vallée (Tao) est sa capacité à se perpétuer éternellement et à engendrer toutes les choses dans notre univers, comme une racine du ciel et de la terre. En un mot, selon Lao Tseu, l’utilité du Tao est intarissable, par conséquent les choses se développent à jamais. »

 

Nul doute que nous serons donc amenés à revenir sur ce paragraphe pour le moins… délicat !

 

Le Mendiant

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8 novembre 2018 4 08 /11 /novembre /2018 08:00

Pourquoi la matrice doit être respectée et préservée. Pourquoi le non-usage garantit sa pérennité.

 

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miánmián ruò cún, yòng zhī bù qín

Incessant – Si – Exister/Préserver/Chérir, Utiliser – [liaison] – Pas – Diligent/Régulièrement

 

[mián] signifie le fil de soie, continue ou doux. 绵绵 [miánmián]signifie incessant ou en continu.   [ruò] signifie ressemble à, comme, comme si ou si. [cún] signifie exister, survivre, accumuler, collectionner, vérifier, réserver, retenir, être en stock, chérir ou abriter. Ainsi, 存放 [cúnfàng] signifie laisser aux bons soins de quelqu’un. Cf. 4-7. [yòng] signifie utiliser, employer, dépenser, utilité, besoin, dépenses, frais, ainsi ou toutefois. Cf. 4-1. [qín] signifie diligent, assidu, travailleur, présence, assiduité, fréquemment ou régulièrement.

 

Trad.1:

Subtil, à peine visible, ténu(e), tel un filament, un filandre, il/elle paraît durer (toujours). Sa fonction, son usage ne s'épuise jamais, on y puise(ra) sans jamais qu'il s'épuise, on les emploie sans les épuiser / si l’on en fait usage, jamais elle ne s’épuise

♥ « Qui coule filet sans fin. Dont on use sans qu'il s'épuise. » (Père Claude Larre)

► Une  interprétation similaire à 4-1 en dépit de l’utilisation de caractères bien différents… De même, on note une contradiction avec 5-5 et la notion même de non-agir, de non-utilisation.

 

Trad. 2:

Ininterrompue comme la vie, comme perdurant, toujours renouvelé. Si on en fait usage, alors on est sans peine, on n’éprouve aucune fatigue / elle agit sans effort, elle ne fatigue pas.

♥ « Sans cesse elle croît. Invisible, sans effort. » (Ma Kou)

► Il n’y a rien à faire pour bénéficier du flux de la vie. Il est utilisable sans travail, sans effort et c’est pourquoi le Sage est adepte du non-agir.

 

preserver_planete_nb.jpg

 

Trad. 3:

« Ténu comme un fil (de soie), [le souffle] semble perdurer, dans une action qui jamais ne s’épuise / [l’âme]  œuvre mais jamais ne s’épuise » (traduction de Catherine Despeux selon le commentaire du Maître du Bord du Fleuve et de Wang Bi, p.230-232)

► Retour sur l’idée du souffle inépuisable déjà exprimé en 5-4  mais pourquoi Laozi se répèterait-il ainsi et où sont les caractères correspondant ?  L’âme du val est invisible, si ténue qu’elle semble exister.

 

Contre-sens ?

Nombre de traductions ne semblent pas suivre le sens de et le fait que soit le complément de via le caractère de liaison .  La version « utilisable sans effort » est possible mais l’idée de « non épuisement » s’éloigne par trop du sens premier des caractères.

 

♫ Flux continu si l’on en prend soin et en use avec parcimonie

« Utilisable sans diligence » pourrait signifier que travailler, être actif vis-à-vis de ce flux pourrait le tarir, tout comme parler épuise (5-5). D’où à nouveau l’idée du non-agir qui permet d’assurer l’harmonie. Cette interprétation écologiste sort largement des sentiers battus et est contradictoire avec les autres traductions et notamment celle de Stephen Mitchell « Tu peux l'utiliser comme bon te semble. » Elle rejoint toutefois les interprétations de « Je me tourne vers vous » à propos de la sexualité : si l’on préserve son essence vitale sans la gaspiller, en réfreinant son désir, on obtient la longévité.

 

Enseignements ?

1. « Polluer, c’est pas bien ! » mais s’indigner ne suffit pas.  Voir le conte écologique gratuit De l’air !

2. Respecter la nature revient à garantir la création et le renouvellement de la vie.

3. A l’inverse, exploiter sans vergogne les ressources de la nature – dans une vision de rentabilité à court terme - revient à mettre en péril ce qui était si généreusement offert. Exemple des sols rendus stériles par nos agriculteurs productivistes à coups d’intrants chimiques. Exemple de l’eau de Paris qui pourrait devenir impropre à toute consommation si les projets d’exploitation du gaz de schiste des environs dérapent comme ont dérapé ceux des Etats-Unis (la technique de la fracturation hydraulique est d’ailleurs également utilisée pour l’exploitation pétrolière). Voir le film Gasland de Josh Fox avec ses scènes mythiques d’allumage au briquet de l’eau du robinet.

 

Le Mendiant

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 08:00

Comment le féminin est à l’origine du monde. Pourquoi la femme a naturellement une plus grande proximité avec le Tao.

 

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xuán pìn zhī mén, shì wèi tiān dì gēn

Mystérieux – Femelle – [liaison] – Porte, Être – Appeler – Ciel – Terre - Racine

 

() [mén] Cf. 1-9 [gēn] signifie racine, base, cause, origine, fondation, source, entièrement ou complètement.

 

Traductions :

La porte/l’huis de la Femelle Mystérieuse est appelée, évoque la racine du Ciel et de la Terre, de l’univers. / Dans l'huis du principe féminin, du cœur de la femelle obscure se trouve, réside, sort la racine du ciel et de la terre

♥ « Les racines du ciel et de la terre s'élancent de sa porte mystérieuse » (Conradin Von Lauer)

► Les analogies de la procréation et de l’anatomie féminine sont évidentes, la « Demeure du Yin » signifiant la vulve.[1]  Ce passage n’est pas sans rappeler 1-3 et 1-4. De sa demeure sombre et obscure jaillit la vie.  « L’orifice yin (vagin), en tant que porte, est l’organe de la vie  et de la mort, il est ce qu’il y a de plus essentiel, c’est pourquoi on le désigne comme la « racine ». Le pénis de l’homme est aussi désigné comme la « racine » précise Catherine Despeux (p.231)

 

Contre-sens ?

« La porte d’où vient cette femelle mystérieuse » de Rémi Matthieu donne un tout autre sens à la phrase : la porte serait alors celle du Tao, de même qu’en 1-9.  Mais tout ne provient-il pas du Tao ?

 

originedumonde_gustavecourbet_nb.jpg

L'origine du Monde, Gustave Courbet, 1866

 

La porte de l’obscur féminin est appelée racine du ciel et de la terre


Réflexions :

1. La femme n’est pas un homme comme les autres. Elle est la mère de tous les êtres et devrait être vénérée comme telle. Ainsi « Ce n'est pas la beauté de la femme qui ensorcelle, mais sa noblesse. » (Euripide)

2. Pousser les femmes à travailler au détriment d’une maternité sereine, via une pression sociétale ou économique, revient à les couper de leur nature et à générer stress et frustrations. Rien de pire qu’une femme qui se comporte comme un homme tandis que le contraire ferait du bien à la planète et au genre humain. Ainsi, « une femme qui se croit intelligente réclame les mêmes droits que l'homme. Une femme intelligente y renonce. » (Colette)

3. La création de toute vie est féminine tandis que la destruction est trop souvent masculine. Pierre Rabbhi écrit ainsi qu’il est « jaloux des femmes » et a fait campagne pour la présidentielle en 2002 avec ce slogan : « Le féminin au cœur du changement. »

4. « Dépourvue d'âme, la femme est dans l'incapacité de s'élever vers Dieu. En revanche elle est en général pourvue d'un escabeau qui lui permet de s'élever vers le plafond pour faire les carreaux. C'est tout ce qu'on lui demande. » (Pierre Desproges)

5. « Dans l’ensemble, il est plus facile pour une femme de sentir son corps et de l’habiter. Par conséquent, elle est naturellement plus près de l’Etre et donc potentiellement plus près de l’illumination qu’un homme. C’est pourquoi de nombreuses cultures anciennes choisissaient instinctivement des personnages ou des symboles féminins pour représenter ou décrire la réalité transcendantale. Cette dernière a souvent été symbolisée par la matrice qui donne naissance à toute chose dans la création et qui la sustente et la nourrit durant sa vie en tant que forme. […] Les femmes « incarnent » virtuellement le non-manifeste. Qui plus est, toutes les créatures et toutes les choses doivent retourner à la source. […] La déesse ou la divine mère a deux aspects : elle donne la vie et elle la reprend. » (Eckhart Tolle[2])

6. En résumé, « Si l'homme était un fleuve, la femme en serait le pont » (Proverbe arabe), elle qui se connecte déjà avec le ciel et la terre…

7. Ecouter l’émission Les racines du ciel sur France culture, lire Les racines du ciel de Romain Gary et voir le film La source des femmes de Radu Mihaileanu.

 

Le Mendiant

 

[1] Jolan Chang, Le Tao de l’Art d’aimer, Calmann-Lévy, 1977, p.150

[2] Eckhart Tolle, Le pouvoir du moment présent, Ariane Editions, 2000, p.181

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2 novembre 2018 5 02 /11 /novembre /2018 08:00

Pourquoi le féminin est sombre et mystérieux. Comment le vide est immortel et créateur. Pourquoi les deux notions sont liées.

 

 

gǔ shén bù sǐ, shì wèi xuán pìn

Vallée – Esprit – Pas – Mourir – Être – Appeler – Mystérieux/Sombre – Femelle

 

[gǔ] signifie vallée, gorge, céréal, grain ou millet avec, pour certains commentateurs, une extension vers l’idée de « nourrir ».  [shén] signifie dieu(x), divinité(s), surnaturel, magique, esprit ou intelligent. [sǐ] signifie mourir, la mort, le mort, à mort ou mortel mais aussi infranchissable, implacable, inflexible ou rigide. () [wèi] signifie dire, appeler, parler de, nom, signification ou sens, Cf. 1-8. [xuán] signifie noir, sombre, profond, obscur, abscons, peu fiable, incroyable ou mystérieux, Cf. 1-8 [pìn] est un caractère peu usité signifiant femelle. Comme le souligne Marcel Conche, il est utilisé à la place de femme afin d’écarter tout anthropomorphisme.

 

Trad.1 :

Le Shen/l’esprit/l’âme de la Vallée/du val/des profondeurs est immortel/impérissable/ne meurt pas, on l'appelle, ceci évoque, là réside/ c’est elle qu’on appelle la Femelle Mystérieuse, la femelle obscure, le principe féminin, l’insondable féminin.

♥ « L'esprit de la vallée ne peut mourir. Mystérieux féminin. » (Ma Kou)

► Après le soufflet, voici l’image de la Vallée, l’espace vide entre deux montagnes, pour continuer à exprimer, cf. 5-3, le vide-créateur, souffle inépuisable (le terme esprit vient du latin spiritus qui signifie « souffle ») et source de toute vie, d’où l’analogie avec la matrice femelle, la « Grande Mère » comme l’appelle Stephen Mitchell. « L’image de la vallée est la plus suggestive, elle est ample, vaste, vide et peut accueillir les eaux, de même que celui qui nourrit sa vie est vide et accueille le souffle de l’harmonie, le souffle céleste, les divinités qui viennent en lui, ou encore la Voie selon l’interprétation des maîtres célestes » (Catherine Despeux, p.75)

 

La notion de « principe féminin » évoqué par Didier Gonin nous interpelle sur la notion de Yin, principe féminin de la nature associé à ce qui est négatif, froid, sombre et mystérieux. Dans sa version simplifié  , le radical [fù] est une simplification de qui désigne une monticule, une butte mais aussi l’adverbe abondant. Il est associé à yuè qui est la lune (le Yang est associé au soleil )  La version traditionnelle, que l’on retrouve encore à Hong Kong, en Corée ou au Japon s’écrit avec le même radicalassocié cette fois à [yīn], composition de [jīn] qui signifie maintenant ou aujourd’hui et de [yún] qui signifie nuage.  Le sens littéral serait donc « la partie nuageuse de la butte. »  Selon le Shuowen jiezi, dictionnaire de la dynastie Han, le sens de yin est : « sombre, [comme] le sud de l'eau ou le nord de la montagne »  (Wikipédia) L’analogie de l’alternance de l’ombre et du soleil sur une montagne et une vallée est traditionnellement utilisée pour exprimer la relation entre le Yin et le Yang. « En Chinois ancien, yin et yang signifient respectivement « ubac » et « adret », soit les versants ombragés et ensoleillés d’une vallée ou d’une montagne… […] Selon la position du soleil au fil du jour, l’adret devient ubac et vice versa… ce qui n’est pas le cas pour les binaires occidentaux plus dualistes. » (Marc Halévy, p.57-58)

 

vallee_nb.JPG

 

Trad.2 :

« L’entretien des âmes [intérieures] pour ne pas mourir, on le désigne aussi sous les noms d’insondable et de féminin » (traduction de Catherine Despeux selon le commentaire du Maître du Bord du Fleuve, p.228)

► « L’insondable, c’est le ciel ; chez l’homme cela correspond au nez. Le féminin, c’est la terre ; chez l’homme, cela correspond à la bouche. » explique Catherine Despeux. Le ciel procure le souffle qui pénètre l’homme via le nez. La terre procure la nourriture qui pénètre l’homme via la bouche. Respiration et nourriture sont les deux éléments clés de la vie. Dans cette version, le terme [gǔ] a donc été pris dans le sens de grain ou de céréale pour signifier l’idée de « nourrir ». Les termes [xuán] et [pìn] ont également été différenciés et font allusion à des parties du corps, le nez et la bouche.

 

Trad.3 :

« Si l’on désire que son âme ne meure pas, il faut se référer à l’insondable et au féminin » (traduction de Catherine Despeux selon le commentaire de « Je me tourne vers vous », p.230)

► « Le féminin, c’est la terre, de nature paisible […] Si un homme veut concentrer son essence, son esprit doit être à l’image de la terre, comme une femme, et ne pas agir en se donnant la priorité » explique Catherine Despeux. On retrouvera cette idée de l’impassibilité féminine en 10-5. Cette interprétation est néanmoins basée sur l’utilisation du terme [yù] signifiant « désir ou désirer » plutôt que le classique [gǔ]. On y remarquera en effet le même radical [gǔ].

 

Trad.4 :

« L’esprit, vide comme le val, est au-delà de la mort, insondable détachement et féminine souplesse. » (traduction de Catherine Despeux selon le commentaire de Cheng Xuanying, éminant taoïste des Tang, p.233)

► Nous avons là une traduction influencée par la pensée bouddhiste : « le Val est l’espace vide, la sagesse efficiente et merveilleuse, la prajna des bouddhistes. L’esprit ayant réalisé la vacuité est détaché de la vie et de la mort, du samsara. L’insondable évoque l’état indicible de l’esprit qui ne demeure dans aucune notion ; le féminin suggère sa souplesse » explique Catherine Despeux.

 

♫ L’esprit immortel de la vallée évoque l’obscur féminin

Nous aurions pu pousser l’audace jusqu’à remplacer « obscur féminin » par le concept de « yin » mais il nous faut aussi rester fidèle au texte et à cette idée de mystère.

 

Réflexions :

1. Laozi n’a pas finit de faire couler de l’encre car il n’y a pas que le principe féminin qui est obscur !

2. Quel homme n’a pas déploré l’obscurité féminine ?  Mais n’est-ce pas cela – cette mystérieuse complémentarité – qui donne un intérêt à la relation ?

3. La femme ne vient pas de Vénus, d’une autre planète, mais – tout comme les hommes d’ailleurs – de la vallée profonde, d’un lieu où il possible de retourner en se recentrant sur soi, en faisant le vide dans son esprit, pour se reconnecter à l’énergie de l’univers, à l’esprit immortel de la vallée.

4. L’âme est immortelle parce qu’elle demeure mystérieuse, ne peut être définie précisément, est détachée du matériel.  L’immortalité requiert le détachement, la non-action, Cf. 2-15.

 

Le Mendiant

 

 

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