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16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 08:00

Pourquoi donc un blog pour accueillir le Daode Jing de Lao Zi ?  Les réponses à cette question légitime sont multiples :

 

1. Le Daode Jing est un texte qui appartient au patrimoine de l’humanité et qui aurait, selon la légende, été écrit par Lao Zi suite à la demande d’un simple garde frontière. Quoi de plus normal que le texte s’affranchisse ainsi de toute barrière et se répande dans le monde virtuel ?

 

2. Les traductions du Daode Jing sont nombreuses et loin d’être définitives, les différentes versions du texte original et la nature polysémiques des caractères chinois offrant de multiples interprétations possibles. Mettre à profit l’interactivité offerte par internet pour échanger sur le sujet apparait dès lors comme une évidence. 

 

3. La force du texte est son universalité doublée de la résonance particulière qu’il produit sur chaque lecteur, à chaque lecture. Autant d’expériences individuelles, de « sens du Tao » qui pourront s’exprimer librement sur ce blog et enrichir ainsi l’expérience de l’ensemble des lecteurs.

 

4. La lecture du Daode Jing est une expérience "globale", structurante et multi-sensorielle, pour autant que l’on prenne le temps de la patience, du gong fu. Alors que le Daode Jing peut être lu en moins d’une heure de temps (en saisissant même quelques idées au passage), ce blog aura un rythme bien plus lent et présentera le texte phrase par phrase afin de permettre une compréhension intime de la philosophie taoïste. N’oubliez pas de vous abonner à la newsletter (section "J’aime ce blog") afin de pouvoir être averti à chaque pas en avant.

 

5. L’ascension du Daode Jing est une aventure qui prendra une dizaine d'années et le risque est grand de se perdre ou de s’oublier en route. « Le philosophe est celui qui répond à l’invite du fantôme : pour atteindre l’universel, il se sépare du commun des hommes, de la collectivité. Il est un isolé ayant rompu, par le doute, avec les croyances de la collectivité ; s’étant par là séparée d’elle, il est une exception. » (Héraclite/Conche, p.59) Ce blog et les échanges générés, les erreurs et les contradictions relevées, permettront de relativiser ma posture de "philosophe" et de garder les pieds sur terre.

 

 

 

caractere_tao.gif

 

 

6. Le message du Daode Jing, humaniste et écologique, est une réponse aux défis qui affectent la planète et l’espèce humaine dans son ensemble. A la croissance et à l’accumulation, Lao Zi répond par la simplicité et par le vide; au bruit et à la foule, il propose le silence et la réflexion; à la rigidité et à la force, il oppose la souplesse et la faiblesse. Surtout, à une vision binaire, prédatrice et mécaniste du monde, Lao Zi oppose l’Unité fondamentale, la coopération et la biologie. L’urgence justifie une diffusion rapide de ces idées.

 

7. Le Daode Jing est par essence un texte engagé et militant : n’oublions pas que Lao Zi quittait un pouvoir corrompu ! Il reste donc éminemment d’actualité et susceptible d’intéresser tous ceux qui aspirent à autre chose, à un autre type de société ! Or internet demeure un formidable lieu de contestation, de rassemblement, de ralliement…

 

8. Mon cheminement m’avait déjà fait croiser la Voie de Lao Zi et le personnage du Mendiant, développée dans Le Mendiant et le Milliardaire, n’est pas sans rappeler la figure du sage taoïste. Mon essai L’obsession de la performance remettait également en cause la loi de la jungle, le mythe de la croissance ou de la technologie. Traduire et commenter le Daode Jing me permet donc aussi de diffuser mes propres idées « politiquement incorrectes », à l’encontre d’un paradigme qui nous mène droit dans le mur. Or plus le temps passe et plus il sera difficile de changer de direction pour l’éviter…

 

9. La publication d’un livre prend toujours beaucoup de temps : deux ans en moyenne entre sa rédaction et sa sortie. Face à l’urgence et aux multiples manipulations, j’ai déjà choisi de diffuser gratuitement un conte écologique et un conte alimentaire via http://www.lemendiant.fr  Jamais deux sans trois !

 

10. Internet peut aussi être considéré comme une vitrine et je ne désespère pas d’arriver par ce biais à impliquer quelques médias. Jusqu’à retrouver le Daode Jing sous forme de rubrique régulière dans un magazine ?  La pertinence de la sagesse taoïste mériterait bien ce type de fantasme !

 

Quelles que soient ces raisons, ce sont néanmoins vos interactions, critiques constructives et commentaires qui permettront, au final, de mesurer la pertinence de cette diffusion sur internet. Faites donc passer le message auprès de vos amis curieux ou aventuriers : plus on sera de fous, moins il y aura de folie !

 

Le Mendiant

 

 

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 10:19

Pourquoi donc une nouvelle traduction du Daode Jing, livre déjà le plus traduit au monde ? Eh bien d’abord parce qu’il est là, tout comme l’Everest était là pour George Mallory.[1]  Le Daode Jing n’est certes pas la seule montagne de sagesse dont il est possible d’entreprendre l’ascension mais rares sont les textes qui atteignent, en si peu de mots – 5000 caractères chinois environ – un tel sommet de profondeur.

 

Ensuite, parce que je suis là et que mes études de chinois associées à mes nombreux séjours en Chine me permettent d’attaquer le texte depuis sa base chinoise. Je présenterai ainsi le texte en chinois et en pinyin.

 

Cette traduction n’aurait pas eu plus d’intérêt si un téléphérique avait déjà été accroché à la montagne pour permettre à tout un chacun de s’extasier devant le panorama. Il n’en est rien et certaines traductions ajoutent même encore au « mystère des mystères », plongeant ponctuellement la montagne dans un épais brouillard. Nous avancerons donc avec prudence, pas par pas, en direction de la « porte de toute compréhension ».

 

La nature polysémique des idéogrammes, la simplification extrême de la grammaire chinoise (un même caractère peut désigner à la fois un nom, un verbe ou un adjectif, un singulier ou un pluriel, un passé, un présent ou un futur, etc.) ainsi que l’absence de ponctuation multiplient les versions possibles et je n’aurai donc pas la prétention d’enfermer le Tao dans une énième interprétation. Un alpiniste peut ouvrir une nouvelle voie mais il n’aura jamais qu’une connaissance superficielle de la montagne. Le Tao, comparable à l’eau, prend la forme des récipients qui l’accueillent. Une traduction du Daode Jing – le choix, pour un idéogramme donné, d’un sens plutôt que d’un autre – aura donc nécessairement la forme du traducteur… et c’est pourquoi il ne s’agira pas du Tao !

 

 

tao_shibo-copie-1.jpg

Le Tao par Maître Shi Bo

 

 

 

L’ascension du Daode Jing doit aussi être perçue comme un exercice de réflexion et de sensations personnelles dont la résonance variera au fur et à mesure des découvertes. Parti en quête de son essence, on ne finit pas de trouver des sens au Tao ! C’est pourquoi j’ai choisi de présenter une traduction mot-à-mot des caractères chinois, ainsi que les variantes principales des traductions (cohérentes) existantes: à chaque compagnon de tracer ainsi, s’il le souhaite, sa propre voie !

 

Mais cette aventure a également été entreprise parce que les messages du Daode Jing demeurent d’une stupéfiante modernité. En dépit d’une datation comprise entre VIe et le IIe siècle av. J-C., nous sommes en effet seulement en train de percevoir à quel point la dualité, la fragmentation et la mécanicité du monde, non seulement sont contradictoires avec la physique moderne et la réalité de la nature, mais qu’ils nous conduisent à une impasse écologique et sociale. Il faut faire un avec la montagne pour espérer arriver au sommet. Il nous faudra reconnaître l’uniformité biologique du monde pour espérer faire face aux défis de notre siècle. Le XXIe siècle suivra le Tao ou ne précèdera pas grand chose !

 

Cheminer sur la voie du Tao, c’est reprendre contact avec sa nature et envisager un autre paradigme du rapport aux autres et au monde, dépasser notamment notre insidieuse obsession de la performance[2], de la croissance, de la raison et du progrès. C’est, en accordant un peu de place au vide, en se plaçant en retrait par rapport à un certain nombre de mythes et de préjugés que l’on accèdera à un espace de liberté. Si la réflexion du Daode Jing conduit rarement sur le dos d’un buffle, elle permet naturellement de prendre de la hauteur et de changer de perspectives. On étudie moins le Tao qu’on ne se découvre soi-même. On le conceptualise moins qu’on ne le vit ! Gravir le Tao, c’est avant tout descendre en soi afin de redécouvrir ce que nous devrions tous être : en harmonie avec notre nature !

 

Je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue dans cette aventure... et espère avoir de vos nouvelles, une ascension en solitaire étant aussi périlleuse que monotone...

 

Le Mendiant

http://www.lemendiant.fr



[1] Lorsqu’un journaliste lui demanda  pourquoi il souhaitait escalader l'Everest, George Mallory répondit    « because it’s there (parce qu’il est là) », New York Times, 18 mars 1923.

[2] Benoît Saint Girons, l’obsession de la performance, Editions Jouvence, 2009

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 10:18

Même si l’agilité requise peut venir au fil des pas[1], au fur et à mesure des caractères, une ascension du Daode Jing ne s’entreprend pas sans quelques précautions et un bon équipement.

 

Du côté des précautions pour éviter de me perdre dans le brouillard, une connaissance suffisante du chinois (Etudié notamment aux Langues O à Paris), du caractère des chinois (en témoigne mon essai publié en Chine en 2004 1,2 milliard de martiens十二亿火星人[2]) et de la Chine (où j’ai séjourné plus de quatre ans[3]), complèteront les traductions suivantes du Daode Jing :

  • François Houang et Pierre Leyris, La Voie et sa vertu, Editions du Seuil, 1979
  • Liou Kia-hway, Tao-tö king, Editions Gallimard, 1967
  • Stanislas Julien, Tao te king, Editions Mille et une Nuits (notamment), 2000
  • Alexis Lavis, La voie du Tao, Editions Pocket, 2010
  • *Henning Strom, Livre de la Voie et de la Vertu, Edition You-Feng, 2004
  • Ma Kou, Tao Te King, Editions Albin Michel, 1984
  • *Marc Haven et Daniel Nazir, Editions Dervy, 1978
  • *Marcel Conche, Tao Te king, PUF, 2003
  • Conradin Von Lauer, Le chemin de la vérité et de la vertu, Editions Jean de Bonnot
  • *Shi Bo, Tao De King (livre de collection original édité en dix exemplaires)
  • *Didier Gonin, Réussir sa vie avec le Tao, Albin Michel, 2007
  • Claude Larre, Tao Te King, Editions Desclée de Brouwer, 1994
  • Stephen Mitchell, Tao Te King, Un voyage illustré, Synchronique Editions, 2008
  • *Jonathan Star, Tao Te Ching, The definitive edition (sic!), Jeremy P. Tarcher / Penguin, 2003
  • Feng Xiao Min, La Voie du Tao, Editions Alternatives, 2000
  • * Léon Wieger, Les pères du système taoïste, 1950
  • * Jean Levi, Le Lao-tseu suivi des quatre canons de l’Empereur Jaune, Albin Michel, 2009
  • * J.J.L. Duyvendak, Tao to king, version numérique disponible sur http://classiques.uqac.ca/

  • * Catherine Despeux, Lao-tseu, Le guide de l’insondable, Entrelacs, 2010
  • * Richard Wilhelm (trad. Etienne Perrot), Tao Te King, Editions Médicis, 2003
  • * Rémi Matthieu, Le daode jing, Médicis-Entrelacs, 2008

 

livre_laozi_nb.jpg

 


L’équipement sera quant à lui constitué essentiellement de mes quelques neurones, stimulés par les commentaires experts des auteurs précédents (*lorsque le texte a le mérite d’être un minimum explicité) ou suivants:

  • Marc Halévy, Le taoïsme, Eyrolle, 2009
  • Isabelle Robinet, Comprendre le Tao, Albin Michel, 2002
  • Fritjof Capra, Le Tao de la physique, Editions Sand, 1985
  • Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise, Seuil, 2002
  • Alan Watts, Tao, The Watercourse Way, Pantheon Books, 1975
  • Max Kaltenmark, Lao Tseu et le taoïsme, Robert Laffont, 1974

 

Sans oublier les écrits des autres penseurs taoïstes de référence:

  • Lie Tseu (Lie Zi), Traité du vide parfait (trad. Jean-Jacques Lafitte), Albin Michel, 1997
  • Tchouang-tseu (Zhuang Zi), Œuvre complète (trad. Liou Kia-hway), Gallimard, 1969
  • Héraclite (le "taoïste grec"), Fragments (commentaires Marcel Conche), PUF, 1986

   

Ainsi que quantité d’autres livres de sagesse, qu’ils soient classiques :

  • Maître Eckhart, Œuvres, Gallimard, 1942
  • Le Nuage de l’Inconnaissance, commentaires de Bernard Durel, Albin Michel, 2009


Ou contemporains :

  • Taisen Deshimaru, La pratique du zen, Albin Michel, 1981
  • Osho
  • Arnaud Desjardins
  • Etc.

 

Cette liste devrait progressivement être complétée par les autres écrits classiques chinois (Huainan Zi, Yi King,…), les philosophes grecs, les textes zen, bouddhistes et hindouistes, les mystiques (Maître Eckhart, Nuage de l’inconnaissance, etc.)  Au fur et à mesure d’une ascension, n’est-il pas naturel que le panorama s’élargisse ?

 

Le Mendiant



[1] Gérard d’Aboville, lorsqu’on lui demanda s’il s’était entraîné à ramer avant de partir en 1980 pour sa traversée de l’Atlantique, répondit qu’il n’en voyait pas l’intérêt vu qu’il allait déjà suffisamment le faire…

[2] Et depuis allègrement retranscrit et commenté sur l’internet chinois. 

[3] Voir mon site www.passplanet.com qui couvre 240 localités en Asie (dont une soixantaine en Chine) et Amérique Centrale.

 

 

 

 

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 11:41

Le texte original de Lao Zi sera présenté, traduit et commenté phrase après phrase… pour autant que l’on puisse définir ce qu’est une phrase dans un Daode Jing ne comportant pas de ponctuation !

 

La présentation générale observera la structure suivante :

 

1-1. => 81-8.

Le Daode Jing comprend traditionnellement 2 parties, 81 "chapitres" et de 2 à 20 phrases par chapitre.

 

.

Présentation du texte en chinois simplifié, tel qu’utilisé en République Populaire de Chine.

 

dào kě dào fēi cháng dào

 

Présentation du texte en Pinyin (utilisé par la République Populaire de Chine depuis 1958), remplaçant progressivement en Occident la transcription de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO) ou le vieux système Wade-Giles (datant de 1859, modifié en 1892) qui, sur cette première phrase, aurait donné ceci : tao k’o tao fei ch’ang tao. 

 

Tao - Pouvoir - Tao - Non - Ordinaire/éternel – Tao

Présentation du mot à mot cohérent avec le sens de la phrase.

 

[dào] est formé de la clé [chuò] qui signifie mouvement ou marche...

Traduction et explication (si besoin) de chaque caractère chinois. Un même caractère ayant parfois plus d’une dizaine de sens possibles (nom, verbe, adjectif et/ou adverbe), les possibilités de traduction du Tao sont infinies !

 

 

 

statue_laozi_nbjpg.jpg

 

Une image représentative de l'univers du Tao


 

Trad.1 :

Le Tao que l'on peut énoncer/prononcer/exprimer/expliquer/saisir/tracer/définir, qui…

Présentation des différentes traductions existantes (voir la liste du matériel) avec une séparation nette (Trad.1, Trad.2, Trad.3) lorsque les sens sont clairement différents.

 

♥ « Le Tao qu'on tente de saisir n'est pas le Tao lui-même » (Liou Kia-hway)

Présentation de la meilleure traduction selon moi… ce qui ne signifie donc pas qu’il s’agit de la meilleure traduction dans l’Absolu du Tao !

 

« La voie qui a voix n'est pas la vraie Voie.» (Jean Levi)

Présentation d’une traduction originale, dans la mesure où elle suit un minimum les caractères chinois (ce qui est loin d’être toujours le cas)

 

Le tao que l’on pourrait enfermer dans un concept, un nom ou une métaphore…

Explication du sens de la phrase avec perspectives vers d’autres textes.

 

Contre-sens ?

Traduire Tao par le mot Vérité et par « Vérité absolue » est une originalité…

Commentaires sur les traductions qui me semblent contradictoires avec le sens de la phrase ou des caractères chinois. A nouveau, je ne prétends pas détenir ici la moindre vérité. L’intérêt de cette section est de continuer à questionner le texte et favoriser la réflexion.

 

♫ Le tao exprimable n'est pas Le Tao

 

Une proposition de traduction, prenant en compte les remarques précédentes ainsi que ma propre perception des caractères chinois. L’idée n’étant pas de paraphraser les autres traducteurs, cette traduction sera souvent originale, militante – et ponctuellement contradictoire – par rapport aux versions « officielles ». Elle fera dans ce cas l’objet d’une explication. Dans la mesure du possible, j’ai essayé de conserver la forme « minimaliste » ou poétique du Daode Jing, avec  un minimum de mots. 

 

Réflexions :                                                                         

1. La parole, le langage, les concepts, l'intelligence sont limités. La réalité se trouve…

Un certain nombre de réflexions autour de mes précédents écrits sur le thème du contentement personnel, de l’obsession de la performance ou des manipulations. Une ouverture sur le monde moderne et les défis du XXIe siècle. Un recueil de citations de philosophes, intellectuels ou humoristes. Un appel à un changement de paradigme et à la remise en cause du système, dans la perspective d’une société tournée vers les hommes, la souplesse et la vie.

 

Le Mendiant

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