Un paragraphe particulièrement obscur, qui a fait l’objet de très nombreuses interprétations divergentes, de l’entretien du principe vital aux techniques sexuelles de longévité en passant par la valorisation du principe féminin.
谷 神 不 死, 是 谓 玄 牝 | L’esprit immortel de la vallée évoque l’obscur féminin | |
玄 牝 之 门 是 谓 天地 根 | La porte de l’obscur féminin est appelée racine du ciel et de la terre | |
绵 绵 若 存 用 之 不 勤 | Flux continu si on en prend soin et en use avec parcimonie |
Cliquer sur le numéro de phrase vous transportera directement aux explications de la phrase en question. Après le désordre ordonné, voici l’ordre apparent…
Vidéos de l’internet chinois…
Prononciation en chinois (Chap 6 à partir de 2:57)
Et encore une fois les chants taoïstes :
Commentaires :
Dans la continuité de l’espace ciel-terre inépuisable du chap.5, voici l’esprit (神) immortel (不 死) de la vallée (谷), vide en apparence mais riche de potentiel du fait justement de cette caractéristique. Le souffle de 5-3 se retrouve également avec la notion d’esprit, en latin « spiritus » (dérivé de spirare « souffler ») qui signifie souffle ou vent.
La fente de la vallée est également une métaphore pour la fécondité féminine (牝), la matrice d’où croît la racine (根) du ciel et de la terre (天地). Nous avons ici un parallèle avec la mystérieuse (玄) porte (门) de 1-9 mais contrairement à 1-3, c’est la mère (ou plus exactement « l’obscur féminin ») qui est cette fois « à l’origine du ciel et de la terre ». Ce qui était « inommable » est devenu une porte mais Lao zi conserve la clé et brouille les pistes : mystère du mystère ! (1-8)
Samhain de Séverine Pineaux
Le mystère s’épaissit encore avec la troisième phrase et les interprétations contradictoires des traducteurs : alors que tous retrouvent l’ « usage inépuisable » de 5-4, la traduction "littérale" des caractères chinois dit le contraire et rejoint 5-5 ainsi que le concept du non-agir: la racine ne croit en continu (绵 绵) que si (若) on la chérie (存) et l’utilise (用) sans (不) diligence (勤).
Côté « traditionnel », c’est le Maître calligraphe Shi Bo qui éclaircit le plus clairement ce sombre chapitre : « Lao Tseu compare le Tao à la vallée qui est à la fois vide et réelle. La caractéristique (esprit) de cette vallée (Tao) est sa capacité à se perpétuer éternellement et à engendrer toutes les choses dans notre univers, comme une racine du ciel et de la terre. En un mot, selon Lao Tseu, l’utilité du Tao est intarissable, par conséquent les choses se développent à jamais. »
Nul doute que nous serons donc amenés à revenir sur ce paragraphe pour le moins… délicat !
Le Mendiant