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12 mars 2018 1 12 /03 /mars /2018 08:00

Pourquoi le haut et le bas sont de simples perspectives. Pourquoi les concepts de supériorité ou d’infériorité n’ont aucun sens.

 

gāo xià xiāng qīng

Haut - Bas - Mutuellement - S'incliner

 

[gāo] signifie grand, haut, au-dessus de la moyenne, avancé, supèrieur, bruyant ou coûteux. 高贵[gāoguì] signifie ainsi noble, privilégié ou élitiste tandis que 高级[gāojí] signifie haut rang, supérieur hiérarchique ou avancé. [xià] signifie vers le bas, sous, en dessous, inférieur, suivant, descendre, tomber, décliner, terminer (un travail), se faire une idée, donner naissance, enlever,… [qīng] signifie s’incliner, se pencher, s’écrouler, dévier.

 

Traductions :

Le haut et le bas se penchent, se tournent l’un vers l’autre, se touchent, se regardent réciproquement, se rencontrent l’un l’autre, reposent l’un sur l’autre.

♥ « Haut et bas se penchent l'un vers l'autre » (François Huang et Pierre Leyris)

► En escaladant une falaise, haut et bas procurent une même sensation de vertige. En marchant sur les mains, le ciel semble tout en bas. Tout est question de perspectives. « Le chemin vers le haut et vers le bas est le même » disait Héraclite (Capra, p.118)

 

Contre-sens :

La difficulté réside ici dans deux termes qui ne sont pas stricto-sensus opposés : le contraire de[gāo] serait ainsi plutôt [xiǎo] qui signifie petit, mineur, pour une courte période ou jeune tandis que le contraire de [xià] serait plutôt [shàng] qui signifie vers le haut, dessus, au dessus, supérieur, précédent, monter, soumettre, aller de l’avant, etc. Traduire la phrase par « Le grand et le petit se penchent mutuellement l'un vers l'autre » (Henning Strom) n’est donc pas plus absurde que de parler de haut et de bas comme les autres traducteurs.

 

♫ Supérieur et inférieur s’inversent

Une originalité en place d’un plus classique « Haut et bas s’inclinent ».

 

 

escalade_nb.jpg

 

 

Réflexions :

1. Convient-il de regarder vers le haut ou vers le bas ? La vision du surhomme qui vole au dessus de nos têtes, entretenue par les médias (Cf. 3.1), nous fait de l’ombre et nous complexe. Nous ferions mieux de regarder en face ou vers le bas, vers le mendiant philosophe par exemple, figure emblématique de la simplicité volontaire. Voir le conte Le Mendiant et le Milliardaire.

2. « Prince et Mendiant s’inclinent mutuellement l’un vers l’autre » ?  A l’empereur Alexandre qui aurait « voulu être Diogène » et qui l’aborda un jour par un « Demande-moi ce que tu veux… », le philosophe cynique répliqua par un: « Ote-toi de mon soleil »

3. Qui est en haut et qui est en bas ?  « La pauvreté, mesurée aux besoins de notre nature, est une grande richesse ; la richesse, par contre, pour qui ne connaît pas de bornes, est une grande pauvreté » (Epicure)

4. « Je conviendrais bien volontiers que les femmes nous sont supérieures si cela pouvait les dissuader de se prétendre nos égales » disait Sacha Guitry, illustrant avec talent l’absurdité de tels concepts. Afficher un « air supérieur » est ainsi le meilleur moyen de se reconnaître inférieur...

5. La recherche du bonheur est illusoire et l’on ferait mieux de faire le choix du Tao en apprenant à accepter comme naturelles les difficultés de l’existence. La sérénité est dans l’acceptation des hauts et des bas. « Un bonheur tout uni nous devient ennuyeux; il faut du haut et du bas dans la vie » disait Molière dans Les fourberies de Scapin.  Il est impossible de savoir ce que la vie nous réserve et il est illusoire et contre-productif de s’y opposer. D’où le non-agir du Sage taoïste.

 

Le Mendiant

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commentaires

F
L'enfante se hisse sur la pointe des pieds pour accéder à l'oreille de l'adulte qui se penche vers lui pour mieux l'écouter.L'homme d'expérience esaie dêtre entendu du décideur lequel écoute pour<br /> prendre des décision plus adéquates.
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L
<br /> En commentaire du 2.2, je me permets celui-ci : se permettre de prendre conscience de son imperfection et de ses défauts et de les accepter, voire les accueillir, avec bienveillance est une belle<br /> étape pour notre amour propre. Une autre étape qui me paraît tout aussi chouette est celle de peut-être aussi prendre conscience de "l'endroit "en nous où ils prennent naissance, où ils se logent<br /> et où ils s'entretiennent encore et encore. Prendre conscience qu'avec nos réflexes instinctifs de survie, nous créons inconsciemment des personnages imparfaits ou trop parfaits..., des personnages<br /> en quête de perfection, quête inatteignable bien entendu, quelque celle-ci soit. Se donner la possibilité de prendre conscience que nous nous identifions à ces personnages mais qu'en réalité,<br /> au-delà de ceux-ci, rien ne bouge, tout est à sa place, le "non-né" et le "hors-temps" est, sans perfection ni imperfection, sans jugement tout simplement, sans même quelconque pensées.<br /> Notre identification à ces personnages est -quasi- incontournable. Accepter ses imperfections est pour moi accepter que ces personnages sont, mais qu'ils n'altèrent en rien ce que je suis vraiment<br /> vraiment, au-delà ou en-deçà d'eux. Et comme par magie, j'ai l'impression que cette acceptation propose une certaine paix, une certaine liberté de l'esrpit (et du corps par conséquence) car, de<br /> temps en temps, ces personnages se disolvent grâce à cette prise de conscience qu'ils sont et en même temps qu'ils ne sont pas. Illusion d'une réalité qui à la fois est et n'est pas...<br /> Belle journée, Lio<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Encore une belle réflexion doublée d'une stratégie pertinente, Merci Lionel!<br /> <br /> <br /> <br />