Pourquoi le Tao apparaît comme le Principe premier. Comment s’accorde-t-il avec les mythes.
象 帝 之 先
xiàng dì zhī xiān
Semble - L'Être suprême - [liaison] – Antérieurement
象[xiàng] signifie apparence, forme, image, imiter, ressembler, avoir l’air de, sembler, paraître,… 帝[dì] est une notion religieuse qui signifie l’Être suprême d’où 皇帝 [huángdì] qui signifie Empereur. 先 [xiān] signifie premier, avant, en avance, ancêtre, le plus tôt
Traductions :
Il semble être antérieur, être l’aïeul, être apparu avant, avoir précédé le Souverain Céleste, l’existence de Dieu, les dieux, le maître du ciel.
► En tant qu’origine du ciel et de la terre (1-3) et créateur de l’Univers, il est forcément antérieur à ce qui a été désigné par les hommes à savoir « Être Suprême », « Souverain Céleste » (dont la mention figure dans les ouvrages classiques tels que le Livre des Odes et Annales) ou « Dieu »
Contre-sens ?
Traduire 帝 par Dieu ou dieux serait tentant si le ou les dieux, les divinités et autres esprits surnaturels ne disposaient pas de leur propre caractère à savoir 神 [shén], signifiant également intelligent. D’un point de vue occidental, c’est néanmoins bien de cela dont nous parlerions : « Dire que la Voie est antérieure au Souverain Céleste, est dire qu’elle est antérieure à toutes choses. Mais elle est aussi immanente à tout. Autrement dit, il n’y a pas de Dieu créateur, gouverneur de l’univers, mais la seule Nature. Les dieux sont des créatures ; « Dieu » n’est qu’un objet culturel. » ose Marcel Conche.
♫ Il semble antérieur à l’Être suprême
Réflexions :
1. Le Tao n’est pas sectaire et laisse les croyances et les mythes s’exprimer mais il n’en apparaît pas moins antérieur à toutes les désignations, à toutes les idoles, à tous les dogmes, à toutes les cultures, à tous les textes.
2. S’accorder sur la prééminence du Tao ne permettrait-il pas de mettre enfin tout le monde d’accord ? Le Tao est une voie qui englobe et n’exclue pas.
3. « Non, Thérèse, non, il n’est point de Dieu, la nature se suffit à elle-même ; elle n’a nullement besoin d’un auteur, cet auteur supposé n’est qu’une décomposition de ses propres forces » (Sade, Justine, p.76). Dès lors, l’homme ne devient qu’une créature parmi les autres et la nature « la source de toute sagesse » (Anne Cheng, p.250)
4. « Il semble que » dit Lao zi autrement dit à nouveau « je ne suis pas sûr ». Car tout cela est après tout secondaire. Ce qui prime n’est pas de penser ou de bâtir un système mais de nous reconnecter, de vivre avec le Tao, selon le Tao.
Le Mendiant