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29 avril 2018 7 29 /04 /avril /2018 08:00

Pourquoi les rêves doivent être raisonnés et personnels. Comment exprimer son caractère dans le respect de sa nature.

 

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ruò qí zhì, qiáng qí gǔ.

Faible - Ses/Leurs - Aspirations, Fort - Son/Leur – Os/Caractère

 

[ruò]signifie faible, jeune, inférieur ou un peu moins que. [zhì]signifie volonté, aspiration, idéal, garder à l’esprit, annales ou signe. [qiáng]signifie fort, puissant, par la force, meilleur ou un peu plus que. [gǔ]signifie les os, le squelette, le caractère ou l’esprit. 骨气 [gǔqì] signifie ainsi la force de caractère ou l’intégrité morale.

 

Traductions :

Affaiblir leur ambition, leur volonté, leur initiative et fortifier, endurcir leurs os, fortifier leur corps.

♥ « En affaiblissant leur désir et en affermissant leurs os » (Shi Bo)

♣ « En affaiblissant leur ambition et en renforçant leur courage » (Stephen Mitchell)

► A l’exception de Stephen Mitchell, les autres traductions restent sur le premier sens de à savoir les os et donc la santé, le taoïsme visant également à assurer la longévité (voire l’immortalité dans sa version religieuse). « Pour le Maître du Bord du Fleuve, le sage « […] protège son essence séminale et accorde de l’importance au souffle, de sorte que les os sont solides et plein de moelle. » (Despeux, p.114) Quel rapport entre l’essence séminale et la moelle osseuse ? Catherine Despeux précise que « les taoïstes pensaient, comme certains médecins de la Grèce, que l’essence séminale était un écoulement de la moelle » (p.254) Retenir son essence séminale (via de moindre désirs ou le contrôle de l’éjaculation[1]) aurait ainsi permis de « faire de vieux os »  Autre rapport dans le commentaire de « Je me tourne vers vous » : « si la volonté porte au mal, le souffle s’en va et les os se déssèchent ; si on affaiblit le penchant pour le mal, le souffle revient et la moelle emplit les os. » (p.252)

 

taichi2_nb.jpg

 

Limiter les aspirations mais renforcer les os

Amendement (Sept 2011) à la proposition précédente: « Limiter les aspirations mais renforcer le caractère » La notion de ventre de la phrase précédente 3-5 couvrant déjà les besoins primaires (dont la santé), j’avais privilégié l’idée du sage limitant l’obsession de la performance, les jalousies et donc les affrontements (Cf. 3-1) tout en renforçant l’intégrité morale. Il ne s’agissait évidemment pas de renforcer son ego et les motifs de conflits avec autrui mais plutôt d’affirmer un refus des manipulations, d’arriver à dire non aux différentes pressions afin de se reconnecter au Tao.  Cette interprétation était toutefois un peu alambiquée et je reviens donc au sens plus classique de  : les os !

 

Réflexions :

1.« Pour réussir sa vie, il faut viser l’échec. Ainsi, on n’est jamais déçu ! » (Frédéric Beigbeder) Sans aller jusqu’à cet extrême, faire le tri de ses rêves ou besoins apparaît comme une hygiène mentale à l’heure où nous avons tendance à multiplier nos aspirations impersonnelles, sous la pression du système ou de la « plus belle voiture du voisin ».

2. Lbérer les rêves, oser rêver ses rêves ! Ces rêves doivent être réalistes, libres de toute manipulation et véritablement pourvoyeurs de bien-être.  Au final, « Il ne reste plus grand-chose !  De quoi ai-je besoin pour asseoir mon bien-être ?  D’un travail enrichissant, de me sentir utile, de partager mes ressources, du sourire des enfants et de mon épouse, de développer un certain nombre de qualités. Je n’ai besoin d’aucun rêve matériel, de conditions de travail, de quantité (nombreux amis) ou d’expériences. » (L’obsession de la performance)

3. « La perfection  du caractère  consiste à passer chaque journée comme si c'était la dernière, à éviter l'agitation, la torpeur et l'hypocrisie. » a dit Marc-Aurèle. Pour le dire autrement : vivre au présent (et non dans le regret ou le désir), limiter les excès et respecter sa nature.

4. « J’appelle caractère d’un homme sa manière habituelle d’aller à la chasse au bonheur » a écrit Stendhal. A partir du moment où cette quête se fait avec les moyens du bord – sans recours à des gadgets ou substances chimiques – pourquoi pas en effet ?  Reste à savoir si cette quête du bonheur n’est pas une autre forme d’obsession de la performance (la tyrannie du bonheur) et si nous n’aurions pas tous intérêt à remplacer cette notion « parfaite » du bonheur par celle d’un bien-être plus terre à terre et facilement accessible. Voir mon ouvrage Les clés du bien-être.

5. « Caractère égal destinée » a dit Héraclite. Le Sage n’a pas vocation à maintenir le peuple dans la médiocrité (ou la caverne des illusions) et vise, par la philosophie, à une prise de conscience salvatrice.

6. Renforcer ou bien changer de caractère ?  Passer d’un « mauvais caractère » sous influence (des news, des commérages, des publicités, de la compétition,…) à un caractère plus naturel c'est-à-dire tourné vers la simplicité et la coopération.

 

Le Mendiant

 

[1] Voir Le Tao de l’Art d’aimer de Jolan Chang, Calmann-Lévy, 1977

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commentaires

D
<br /> "Pourriez-vous "nous" en dire un peu plus sur cette "théorie" des Soixante-Douze pratiquants ?"<br /> <br /> 1. - "[...] sur cette "théorie" [...]" : ce n'est pas une théorie.<br /> <br /> 1.1. - Il m'est interdit (et même dangereux) de parler publiquement de "cela". En tous cas, pas sur un blog, où n'importe quel individu lambda y aurait accès.<br /> <br /> 2. - "Pourriez-vous "nous" en dire [...]" : non. En tous cas, pas ici. Si vous désirez poursuivre cette discussion (72), ce sera en privé. Mon avis est que vous êtes sage, sans aucun doute digne de<br /> confiance, mais il y aura quelques règles à suivre.<br /> <br /> 2.1. - "On" ne peut pas tout divulguer à ce sujet, et même en faisant des recherches approfondies, on échoue fatalement, puisqu'ils existent-sans-exister. Les informations (maigres mais précieuses)<br /> en ma possession, j'accepte de les transmettre, que vous les considériez comme une théorie, une hypothèse, des spéculations paranoïaques ou autre(s) type(s) de considérations, qu'importe.<br /> <br /> 2.2. - Je dois m'arrêter ici. Je ne peux pas continuer à ergoter à ce sujet plus profondément dans un espace public.<br /> <br /> 2.3. - Vous jugez-vous apte à ne transmettre ce savoir à personne ? Épouse, enfant(s), ami(es), famille, ... ? Je suis très malade, et je vais sans doute succomber, je dois absolument transmettre<br /> mon savoir à quelqu'un d' "apte". Si l'envie de savoir vous prend, contactez-moi sur ma messagerie privée - magic_feet[at]msn[dot]com -.<br /> <br /> Conclusion : soit on ne parle pas, soit on parle ; dans ce cas, en privé.<br /> <br /> Syllogisme basique : argument contenant trois propositions :<br /> la majeure, la mineure et la conclusion qui se déduit nécessairement des deux autres.<br /> <br /> Ex. : Tous les hommes sont mortels.<br /> Socrate est un homme.<br /> Donc Socrate est mortel.<br /> <br /> Au plaisir de vous lire en privé...<br /> <br /> D.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> "Celui qui parle beaucoup du Tao est souvent réduit au silence. Celui qui tente de le saisir referme sa main sur du vide. Il est l'image sans image."<br /> <br /> Par deux fois j'ai succombé (E.M.I.) ; une fois très loin de mon continent, une fois dans mon propre lit. C'était bien avant d'avoir eu connaissance des 72 et du Tao.<br /> <br /> Par deux fois l'heure du décès a été déclarée, et pendant ces deux moments miraculeux j'ai pu entrevoir ce qui se passe une fois trépassé. C'est exactement ce que je viens de citer ; il EST une<br /> image, EST "quelque chose" d'insaisissable, mais en même temps on peut l'entrevoir, sans jamais pouvoir l'approcher.<br /> <br /> Il en va de même pour les choses de ce monde matériel. On ne peut l'apercevoir car on a des yeux, on ne peut l'entendre car on possède des oreilles, on ne peut le toucher car nous avons des<br /> mains.<br /> <br /> Mais une fois dégagés de toute situation matérielle, corporelle, on peut apercevoir son essence spirituelle.<br /> <br /> Qu'il est beau et profond... si vraiment ce que par deux fois j'ai"vu" et "senti" est le Tao, alors j'espère mourir. Je n'en ai pas peur. Sans crainte ni possessions, comment craindre quoi que ce<br /> soit ?<br /> <br /> Quoi qu'il en soit, je poursuis mes réflexions pour mieux les abandonner ensuite. Le Tao Tö King est un livre plein de sagesse, mais aussi dangereux pour les non-avertis (qui, comme moi, n'y<br /> comprendront sans doute que le trois-quart du centième) ; il est également "Manuel", afin de savoir comment diriger le Monde sans le dominer : c'est la philosophie des Soixante-Douze. Ainsi va le<br /> monde.<br /> <br /> Ces "vrais" Dirigeants du Monde, déguisés en pauvres et en mendiants, se complaisent dans le wéiwúwéi et font pivoter la barque sans parler. Ils n'enseignent point, ne parlent point, et leurs<br /> ordres sont donnés dans le silence. Alors, pourquoi des guerres et des holocaustes, me direz-vous, si ces fameux Soixante-Douze pratiquent le Tao avec zèle, doctrine de la quiétude et de la paix<br /> ?<br /> <br /> Parce que le Mal est nécessaire.<br /> <br /> Une vérité crue et laide, difficile à digérer ; mais comme le dit si bien le Vieux Maître : "Les paroles sincères ne sont pas élégantes, et les paroles élégantes ne sont pas sincères".<br /> <br /> Dans le Monde actuel, seuls 72 personnes pratiquent vraiment le Tao. On ne les connaît ni ne peut les connaître ; ils dirigent le monde sans le dominer, dans l'ombre, la véritable humilité, car, de<br /> toutes choses ils sont dépouillés, sinon de leur enveloppe charnelle.<br /> <br /> Et je cite notamment le nom de Yeats. Il en était un.<br /> <br /> D.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Merci pour ces réflexions pour le moins profondes. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette "théorie" des 72 pratiquants ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Analyse pertinente.<br /> <br /> Non-agir peut aussi se traduire par "sans ambition", d'où ma notion "d'effort", et de "se remplir avant de se vider" : tel l'enfant insouciant (proche du Tao) qui avance dans la vie en augmentant<br /> son intellect et ses connaissances ; il a d'abord dû se remplir la tête avant de "pouvoir" ou "avoir l'ambition" de la vider (ce qui est, en soi, une action, bien que restreinte à l'intellect).<br /> <br /> Un vase, à sa création, n'est-il pas creusé (d'avance, plein), pour mieux être vide par la suite ?<br /> <br /> Comme vous dites : "Soyons déjà Homo avant de vouloir être Sapiens!". D'accord avec vous, excepté que dans cette société pro-capitaliste, nous sommes obligés de vivre avec notre temps, dans cet<br /> infernal XXIe siècle. Pourquoi ne pas simplement accepter notre condition ? L'homme qui sait qu'il sait, sapiens sapiens, n'a d'autre choix que de vivre avec sa conscience. Vouloir effacer sa<br /> conscience serait un suicide de l'Esprit, et nous ne pourrions de toute façon jamais y arriver. "Cogito, ergo sum", disait Descartes.<br /> <br /> Penser = agir ? Sur le plan métaphysique, oui.<br /> Agir = penser ? Pas forcément...<br /> <br /> Alors, "non-agir" ou "sans-ambitions/non-ambition" ? Je penche plutôt pour le wúwéi (無爲) au sens de non-action, mais je suis ouvert à toute critique et à toute réflexion.<br /> <br /> Quel est votre point de vue ?<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Départ à l'étranger demain matin... Point de vue et continuité du chapitre 3 d'ici une semaine environ... D'ici là, bonnes réflexions, idéalement en ne limitant pas l'être au cogito...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Tao : "Sur le caractère des hommes"<br /> <br /> Bonjour Benoît,<br /> <br /> Merci pour cette excellente dispense de sagesse. Car dans le paradigme du Tao, "je" pense, il est essentiel de pouvoir spéculer ; car s'égarer en conjectures, à pas de géants, nous permet de<br /> revenir à la Source dans un chemin embrumé, pas à pas, Améliorés. Il n'y a qu'en se perdant que l'on peut retrouver son Chemin.<br /> <br /> Grâce à vos réflexions, une porte s'ouvre sur l'Ineffable. Le pauvre ignorant que je suis n'a découvert la Voie qu'il y a "peu de temps" ; malgré cela, je le pratiquais sans "savoir". Vais-je à<br /> l'encontre du Tao en en prenant conscience ? L'Éveil n'est-il pas le moyen le plus sûr pour "perdre" le Tao ?<br /> <br /> Si je marche dans les bois en ignorant suivre quelqu'un, je ne ferai attention ni aux traces de pas, ni aux brindilles ; les bruits, je les mettrai sur le compte des oiseaux. Suivre-sans-suivre, en<br /> toute inconscience. Je saurai par moi-même et mes sens que c'est le bon Chemin.<br /> <br /> Si je marche dans les bois en suivant quelqu'un, en le pistant, mes sens d'éclaireur seront éveillés pour cette technique de reconnaissance (scouting). Verrais-je alors les brindilles fendues,<br /> l'herbe et les feuilles écrasées sous le poids des pas ; les bruits, les odeurs me sembleront beaucoup plus intenses. Mais la quiétude de l'ignorance m'aura quittée ; ainsi, par l'Intangible, via<br /> l'Intangible, "vers" l'Intangible, verrais-je alors ma proie ? Tout dépendra, effectivement, de l'effort mis en œuvre et de la qualité de la technique du "Pas Vide".<br /> <br /> "Je" pense, donc, que pour comprendre et s'approprier l'Essence du Tao, il faille d'abord Le suivre, se remplir la tête et tout mettre en œuvre pour parvenir à "entrevoir" ce qu'Il est, avant<br /> d'abandonner tout intellect, et renoncer à la performance, tout en essayant d' "oublier" qu'on sait.<br /> <br /> Mais une fois conscient d'une chose, d'un concept, d'une idée, il est IMPOSSIBLE de l'oublier, car l'Esprit en est à jamais gravé. Tel le boucher pratiquant son Art sans réfléchir, à la perfection,<br /> grâce à des années de pratique, sait qu'il sait ; voilà un grand paradoxe rappelant que "ne-pas-savoir-qu'on-sait" est en même temps une platitude. Les scientifiques nous appellent Homo Sapiens<br /> Sapiens, "l'Homme qui sait qu'il sait". L'homme qui sait, simplement, serait-il supérieur à nous et plus proche du Tao ? L'origine : l'Homo Sapiens. Il "sait", simplement.<br /> <br /> Par déduction logique (ou induction mystique ?), le retour à la Nature et aux Origines est primordial, et glorifié soit celui qui pratique le Tao sans en être frustré. Par désir de compréhension de<br /> l'Insaisissable, on s'oublie soi-même : voilà le caractère des hommes.<br /> <br /> Par l'Intangible, puissiez-vous continuer cet excellent travail, sur ce blog. Sans doute pourriez-vous répondre à ce message sur mon adresse mail et entreprendre une discussion ? J'ai besoin<br /> d'aide, je m'égare.<br /> <br /> D.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Il n'y a que les ignorants qui peuvent savoir et le fait d'accepter de se perdre pour mieux retrouver son chemin démontre que l'ignorance reste de toute manière relative.<br /> <br /> <br /> Viser à l'éveil sera en effet s'éloigner de la non-action taoiste et donc de toute possibilité d'éveil, sans parler de la prétention égocentrique à penser pouvoir y accéder.<br /> <br /> <br /> Les notions d'effort ou de techniques me semblent également contradictoire: il n'y a pas de performance vis à vis du Tao mais une acceptation de sa Vérité, de l'absence de dualité.<br /> <br /> <br /> Etudier le Tao comme je le fais peut donc sembler contradictoire mais, sans étude, il ne peut y avoir compréhension de la nécessité d'abandonner l'étude. Comme vous le dites: se remplir la tête<br /> afin de pouvoir la vider encore qu'il n'y ait là encore besoin de performance ou de niveau de remplissage.<br /> <br /> <br /> "Ne pas savoir qu'on sait" est-il une platitude ou bien le summum de la non-action ? Je ne suis pas encore assez avancé dans l'étude pour répondre et je ne suis pas sûr qu'il faille même essayer<br /> de répondre. Ce type de paradoxes apparaît comme un koan japonais, un moyen de déclencher une prise de conscience... <br /> <br /> <br /> Soyons déjà Homo avant de vouloir être Sapiens!  Je crois que nous nous sommes tous plus ou moins égarés...<br /> <br /> <br /> Frat'airnellement,<br /> <br /> <br /> <br />