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4 mars 2018 7 04 /03 /mars /2018 08:00

Pourquoi rien n'est permanent… sauf le changement !  Pourquoi la matière se conserve envers et contre tout…

 

gù yǒu wú xiāng shēng,

Ainsi – Avoir/Être - Non-avoir/être - Mutuellement - Donner naissance

 

[yǒu] est à la fois le verbe avoir (posséder, il y a) et le verbe être (exister, il est). () [wú] est la négation de et signifie ne pas avoir, ne pas être, il n’y a pas, rien, nul, pas. [xiāng] signifie mutuellement, l’un l’autre, comment l’une des parties se comporte envers l’autre ou voir par soi même. [shēng] signifie (verbe) donner naissance, grandir, vivre et (nom) existence, vie, élève.

 

Traductions :

C’est pourquoi, l’être et le non-être, étant et n’étant pas, ayant et n’ayant pas, l’être et le vide, se créent, s’engendrent l’un l’autre, naissent l’un de l’autre, mutuellement, sans fin.

♥ « Car le Il y a et le Il n'y a pas s'engendrent l'un l'autre » (Marcel Conche)

► Avant qu’il y ait quelque chose, il n’y a rien et ce quelque chose retournera un jour au néant. L’être et le non-être, l’avoir et le non-avoir s’alternent naturellement. Impermanence de toute chose, sauf de l’impermanence. « Tout ce qui a la nature de l’apparition, tout cela a la nature de la cessation » rappelle le Majjhima-nikaya (texte pãli). « La seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout est toujours en train de changer » dit le Yi King.

 

Contre-sens ?

Traduire par "être" et par "non-être" ne rend pas forcément bien compte de la complexité de ces deux notions. Les traduire par "ayant" et "n’ayant pas" est encore plus réducteur. Traduire par "néant" apparaît comme un contre-sens même si « L’Être et le néant » serait une passerelle intéressante vers l'ontologie (étude sur le sens de l’être, des propriétés générales de tout ce qui est) phénoménologique (étude des phénomènes) ou phénoménologie existentielle de Jean-Paul Sartre…

 

♫ Ainsi, il y a et il n’y a pas s'engendrent 

 

 

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Commentaires :

« Il semble d’ailleurs que Dao et yi [ de易经 Yijing, le Livre des Mutations] soient deux aspects d’une seule et même chose : tandis que le premier désigne l’unité originelle à laquelle toute chose revient, le second en est l’aspect manifeste ; à eux deux, ils évoquent la diversification ou démultiplication de l’il-y-a dans son déploiement à partir de l’il-n’y-a-pas, la source innommée. » (Anne cheng, p.274)

 

Réflexions :

1. « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » disait Anaxagore de Clazomènes (500 – 428 av. J.-C.) réfutant ainsi l’idée d’un « non-être » créateur. Antoine Lavoisier (1743-1794) reprit l’idée avec son fameux « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Loi de la conservation de la matière) qui est formulée en réalité dans son Traité élémentaire de chimie de 1789 par : « […] car rien ne se crée, ni dans les opérations de l'art, ni dans celles de la nature, et l'on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l'opération ; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu'il n'y a que des changements, des modifications. »[1] 

2. L’harmonie du monde repose sur l’alternance des contraires, la réciprocité : la nuit succède au jour, le soleil à la pluie, le bonheur au malheur, le travail aux loisirs, la veille au sommeil, la mort à la vie, etc. On ne saurait bénéficier de l’un éternellement et on doit se préparer à accueillir l’autre, avec le plus de détachement possible.

3. « Mon Dieu, donnez-moi la Sérénité / D’accepter les choses que je ne puis changer. / Le Courage de changer les choses que je peux, / Et la Sagesse d’en connaître la différence. » (Prière de la Sérénité, anonyme)

4. Jean-Shérab sur le Forum du Tao: « L'idée que toute chose se montre à travers une définition qui elle-même se définit en fonction d'une autre est une idée que le taoisme et le bouddhisme partagent. La tasse ne se définit pas sans rapport à un buveur qui lui-même se définit en fonction d'un brevage qui lui-même ne se définit pas sans la définition d'un liquide et ainsi à l'infini. C'est ainsi que le réel se manifeste à nous à travers le jeu des renvois et des relations. Dans le bouddhisme on définira cette relation en disant que ces entités n'ont pas de substance propre n'étant que des extractions fictives d'une réalité essentiellement dépendante et une. »

 

Le Mendiant

 

[1] Lavoisier, Traité élémentaire de chimie, 1789, p. 101. Merci Wikipedia !

 

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